La table d’addition Montessori au cycle 2

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Un outil concret pour explorer les stratégies de calcul

En tant qu’enseignante de CP dans une école publique, je cherche en permanence des moyens d’aider mes élèves à progresser en mathématiques tout en respectant leurs rythmes d’apprentissage. L’approche Montessori, avec ses outils concrets et sensoriels, m’a semblé une solution idéale pour accompagner mes élèves dans l’automatisation des calculs et l’exploration de stratégies.

Souvent associée aux classes 3-6 ans, la table d’addition peut pourtant se révéler un formidable atout au cycle 2, à condition d’être adaptée aux besoins et aux compétences des élèves. Dans cet article, je vous partage mon expérience et mes astuces pour intégrer cet outil dans une classe publique.

Un matériel sensoriel adapté à tous les âges

Dans les classes Montessori traditionnelles, la table d’addition est introduite aux enfants de 4 ou 5 ans. Elle leur permet de manipuler des barres graduées pour comprendre les bases de l’addition de manière sensorielle.

À quoi ressemble ce matériel ?

  • Une planche graduée de 1 à 18.
  • Des barres bleues représentant les quantités de 1 à 9 (sans marquage visible) à placer à gauche. L’absence de graduation encourage le sur-comptage.
  • Des barres rouges, également de 1 à 9, mais avec des cases marquées pour identifier chaque unité à ajouter.
  • Toujours commencer par la barre bleue puis ajouter la barre rouge à droite.
  • Des fiches qui guident les élèves dans leurs calculs.

L’objectif est de rendre l’addition tangible : en manipulant les barres, les élèves associent des quantités à leurs représentations symboliques et visualisent les résultats.

Quel matériel choisir pour intégrer la table d’addition Montessori en cycle 2 ?

Pour intégrer la table d’addition Montessori dans une classe de cycle 2, il est important de choisir un matériel adapté, robuste et pratique à utiliser. Voici trois options détaillées :

1. Le matériel Montessori traditionnel

Le matériel Montessori classique est un choix durable et de qualité. Les barres rouges et bleues, en bois léger, sont faciles à manipuler pour les petites mains de nos élèves. De plus, ce type de matériel est souvent accompagné d’un rangement adapté, un atout non négligeable pour maintenir l’ordre en classe.

Point positif : il s’agit d’un investissement sur le long terme.
Point négatif : son prix élevé peut représenter un obstacle. Cependant, il est possible de réduire les coûts en achetant du matériel d’occasion, disponible sur des plateformes comme Leboncoin.

2. Fabriquer soi-même la table d’addition

Une autre option consiste à créer sa propre table d’addition à partir de ressources imprimables à plastifier. Cela permet de limiter les coûts tout en multipliant les exemplaires pour travailler avec un petit groupe.

Point positif : cette solution est économique et adaptée pour des ateliers collaboratifs, appréciés en cycle 2.
Point négatif : les barres plastifiées risquent de coller à la table et d’être difficiles à manipuler, ce qui peut décourager les élèves. Pour pallier ce problème, vous pouvez utiliser du matériel recyclé, comme des calendriers rigides, afin de préserver une dimension sensorielle. Cependant, cette approche demande plus de temps et d’efforts pour la préparation.

3. Imprimer les barres rouges et bleues en 3D

Pourquoi j’ai choisi l’impression 3D ?
Option peu coûteuse si vous avez accès à une imprimante 3D. Les barres restent faciles à manipuler et peuvent être imprimées rapidement. Vous pourrez produire suffisamment de matériel pour plusieurs élèves. En cycle 2, les élèves apprécient particulièrement le travail collaboratif, et disposer de suffisamment de matériel facilite ces interactions tout en rendant l’activité accessible à tous.
C’est aussi un gain de temps considérable en classe car je peux présenter rapidement l’activité à un petit groupe d’élèves !

Point positif : matériel léger, facile à manipuler, remplaçable en cas de perte. Choix des quantité ce qui favorise un travail en petit groupe.
Point négatif : Le coût de l’imprimante 3D reste un frein. Il faudra également fabriquer ou trouver un rangement adapté pour ces barres.

Adapter la table d’addition pour les élèves du cycle 2

L’utilisation de la table d’addition avec des élèves plus âgés nécessite quelques ajustements. Voici une progression que j’ai expérimentée avec succès :

1. Une première rencontre avec le matériel

Pour commencer, j’invite les élèves à explorer librement la table d’addition. Cette phase d’appropriation est cruciale, surtout si le matériel est nouveau pour eux. Ils peuvent manipuler les barres, découvrir les graduations et comprendre comment les nombres s’associent visuellement et concrètement.

En cycle 2, il n’est pas indispensable de leur faire construire toutes les tables d’addition, notamment les plus simples. Par exemple, des calculs comme 1 + 1, 1 + 2 ou 1 + 3 sont souvent déjà automatisés mentalement par les élèves de cycle 2. Ils risquent de les résoudre directement sans utiliser les barres, ce qui peut diminuer l’intérêt de l’activité. L’essentiel est donc d’adapter l’utilisation du matériel au niveau et aux besoins de chaque élève : les plus avancés peuvent explorer des calculs plus complexes, tandis que ceux qui rencontrent des difficultés bénéficient d’un soutien visuel et tactile pour consolider leurs bases.

Je leur propose de « faire des additions » en tirant une étiquette au hasard dont le résultat sera inférieur à 18. Nous rappelons alors que « faire une addition » c’est « mettre ensemble« . Faire noter le calcul et le résultat sur une feuille pour familiariser l’élève avec l’écriture mathématique et l’abstraction.

On peut également donner une petite fiche avec des calculs simples à compléter.

L’objectif est qu’ils comprennent intuitivement le fonctionnement des barres et de la table.

2. Introduire les stratégies de calcul

Grâce à la manipulation, les élèves vont pouvoir visualiser des stratégies et les expérimenter:

  • Commencer par le plus grand nombre : Lorsqu’ils calculent 7 + 3 et 3 + 7, ils apprennent que commencer par 7 est plus efficace.
  • Décomposer les nombres : Pour un calcul comme 9 + 6, je les guide à décomposer 6 en 1 + 5. Ils visualisent alors que 9 + 1 = 10, et qu’il reste à ajouter 5.
  • Les doubles : Trouver les doubles et les écrire pour mieux les mémoriser.
  • Calculer des « presque doubles » : 7 + 8 = 7 + 7 + 1 = 14 + 1 = 15
  • Les additions à trous : « 9 + __ = 15 » peuvent être travaillées de manière sensorielle avec les barres.
  • Les différentes façons de faire 10 : Les élèves explorent les combinaisons possibles (6 + 4, 7 + 3…).

Ces stratégies, travaillées concrètement, rendent l’apprentissage vivant et motivant tout en aidant les élèves à structurer leur réflexion et facilitent leur transition vers le calcul mental.

Pourquoi adopter la table d’addition au cycle 2 ?

Ce matériel, en apparence simple, offre des possibilités infinies. En CP, il soutient l’apprentissage des bases. En CE1 et CE2, il devient un outil pour explorer des stratégies et affiner les compétences en calcul ou accompagner les élèves qui ont besoin de manipuler.

Mais au-delà des compétences mathématiques, il contribue à développer l’autonomie, la confiance en soi et le plaisir d’apprendre. Alors, pourquoi ne pas l’essayer dans votre classe ?

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